Éric Moreault, Le Soleil, Arts et spectacles week-end

Publié le 14 janvier 2000
 
Agonisant, le blues? Moins que jamais. La relève démontre un enthousiasme débridé et extirpe les racines pour se les réapproprier. Prenez Hot Toddy. Le trio du Nouveau-Brunswick se spécialise dans le jump blues, un type de swing qui date des années 40-50. Dans la grande tradition de la note bleue sale, ils ont enregistré leur CD indépendant en deux jours, privilégiant la spontanéité dans l’interprétation de leur blues acoustique, minimaliste mais énergique. Première bordée d’un hiver fécond, Hot Toddy risque fort de faire oublier la froidure au profit du plaisir pur.

HOT TODDY, au café-spectacles du Palais Montcalm, ce soir, Prison charnelle

La dominante des œuvres de Louis-Pierre Bougie est sans contredit la représentation du corps. Dans son univers esthétique en teintes bleutées, d’inspiration expressionniste, la position corporelle n’a rien d’artificiel. Le peintre la saisit dans le vif du mouvement, suggérant la chorégraphie contemporaine de la vie. Il y a toujours une partie de ces corps torturés qui s’estompe, évoquant à la fois l’imperfection originelle, la pesanteur de la gravité, mais aussi la prison charnelle qu’est l’enveloppe, retenant l’âme captive de l’homme lorsqu’elle veut s’élever. Une condition que l’humain partage avec les règnes végétal et animal, qui se fondent et se confondent sur la toile, mais souvent en pièces séparées, dans un morcellement et des formes qui évoquent Dali. L’ensemble évite la monotonie tant est grand son talent de graveur et de peintre, tout comme sa force d’évocation. La somme des éléments picturaux traduit la vision d’un imaginaire fertile.

LOUIS-PIERRE BOUGIE, à la galerie Madeleine-Lacerte, jusqu’au 21 janvier, L’heure des comptes