Dany Quine, Le Soleil, Primeurs
Publié le 15 janvier 2000
Pas étonnant que Louis-Pierre Bougie illustre la page couverture du numéro spécial de Vie des arts consacré au passage à l’an 2000. Il s’agit d’un dessinateur remarquable, unique en son genre, que la galerie Madeleine Lacerte présente jusqu’au 21 janvier. Si nous pouvons estimer en partie l’originalité d’une oeuvre en fonction de la facilité avec laquelle nous identifions son auteur, impossible de se méprendre sur le caractère particulier du travail de Louis-Pierre Bougie; pour le peu que nous nous intéressions à l’art qui se fait, l’origine des dessins qui enrichissent les murs de la galerie Madeleine Lacerte ne fait effectivement aucun doute.
Les étranges créatures et les curieux portraits que l’artiste trace à la pierre noire sur du vélin finement gravé évoluent dans un curieux univers où l’entendement n’a aucune prise. Les habitués de l’art de Bougie reconnaîtront d’emblée cette aisance et cette liberté qui, invariablement, accompagnent le geste créateur; comme à l’habitude, aucun déterminisme ne semble présider à l’élaboration des compositions. Les personnages imaginés par le dessinateur virtuose évoluent dans un monde toujours plus éthéré et épuré. Avec cette exposition, Louis-Pierre Bougie atteint une force expressive qui, à mon sens, tient d’une réserve, d’une économie de moyens en quelque sorte, que seuls les maîtres possèdent. D’année en année, ce créateur émérite ne cesse donc de raffiner un art pourtant accompli. Un classique à voir et à revoir.