Bernard Lévy, Vie des arts
Publié le 3 octobre 2017
Louis-Pierre Bougie reprend un thème qui lui est cher et qui traverse toute son œuvre, le thème de la dualité.
Dans la série de monotypes et d’estampes sur papier qu’il expose à la Galerie Éric Devlin, il reconsidère le sujet obsessif chez lui du double, du jumeau, de l’autre si proche de lui-même dans une optique dramatique. Cependant, il est difficile de départager les effets qui relèvent d’une théâtralité délibérée de ceux qui tiennent du rêve ou d’un monde imaginaire. L’artiste campe avec vigueur des personnages dont on ne saurait dire s’ils adoptent le même comportement par pur mimétisme ou par défi. Se dédoublent-ils ou luttent-ils l’un contre l’autre? Sont-ils frères ou bien ennemis? Certaines des compositions sont dominées par des fonds verts tourmentés qui rappellent une étendue gazonnée ou une plaine sauvage. L’artiste isole ses sujets sur des plages blanches ou bleutées où ils flottent comme en apesanteur. La fermeté du dessin qui en définit avec netteté les postures et les contours s’oppose à l’espace indistinct où assurément ils ne vont pas se fondre.
Pourtant, à en juger par les traces ou les lambeaux de verdure qui les habillent partiellement, ils ne peuvent cacher l’origine végétale dont ils proviennent et d’où ils s’arrachent ou bien qui les absorbe. La dualité qui les unit, les sépare et vice versa. L’artiste a pris soin de laisser les traits de crayon ou de burin bien apparents pour signaler sa présence et appeler ainsi la connivence du spectateur, témoin de ses mises en scène et observateur privilégié d’un avenir probable en vert (retour à l’état de plante), en bleu, affranchi de la gravitation. Irrésistible invitation au voyage.
> Lire l’article original sur le site Web de la Vie des arts.